mardi 2 septembre 2014

Entretien avec Stanislas

Entretien avec

Stanislas



Dans le numéro 5 de Kaboom (mai-juillet 2014) paraissait une interview de Stanislas. Il m'avait reçu chez lui en début d'année, alors qu'il terminait le deuxième tome du "Perroquet des Batignolles", sorti en librairies il y a quelques jours.


L'entretien avait été tronqué, faute de place dans la revue. On peut désormais découvrir ici les quelques considérations qui suivent à propos des machines et de leur poésie.


 
Théophile Gautier dit qu’il ne peut y avoir de beau que ce qui ne sert à rien, et que tout ce qui est utile est laid. Il précise au passage que l’endroit le plus utile d’une maison, ce sont les latrines…

Et des décennies plus tard, Marcel Duchamp fera de sa pissotière un objet d’art ! Voici ce que dit Toutinox au début des Objets du XXème siècle : « quelques objets dignes d’intérêt issus de fantastiques aventures humaines ». Derrière ces inventions, il y a l’être humain. Comme l’écrit Jules Verne, il viendra un moment où les créations de la science dépasseront celles de l’imagination. Le livre commence par Picard avec ses boules d’aluminium et d’acier : grâce à une boule d’aluminium toute légère, on va pouvoir atteindre la stratosphère, tandis que les fonds sous-marins seront accessibles à l’exploration avec la même boule, mais en acier. Il y a une recherche de l’absolu dans tout cela. D’ailleurs, dans un film d’Alain Resnais que j’ai beaucoup aimé et qui s’appelle Je t’aime, je t’aime, on voit un médecin qui a un crayon comme celui-là (il en prend un dans une boîte devant lui) et il dit « prenez ce crayon, et essayez le regarder avec l’œil martien ». L’idée de l’œil martien, c’est du Marcel Duchamp, encore. Ce ne devient plus un crayon, mais un long cylindre en bois avec à l’intérieur un matériau autre, du graphite, pointu à une extrémité, plat à l’autre… Si l’on s’amuse à faire cela avec n’importe quel objet, on fait du Marcel Duchamp et des readymades. Quand l’objet a une utilité, c’est encore plus beau.
 
Dans certaines de vos histoires, il y a une fonction presque onirique qui est associée aux machines, ou du moins un désir d’évasion dont elles sont le vecteur. Je pense à la machine à changer la vie, ou aux inventions du Savant Fou. Cette idée me semble représentative du fonctionnement poétique de votre dessin.

Tout à fait, et je reprends certaines de ces machines dans une des histoires que je réalise en ce moment pour Lapin. Elle s’appellera « Le Redresseur ». C’est hélas un peu ce que je vis au quotidien : l’histoire d’un gars au bout du rouleau, cuit, fatigué, plus de jus, plus d’étincelle, plus rien. Quand ça m’arrive, j’aimerais bien me faire une piqûre de je ne sais quoi pour retrouver l’énergie ou une certaine jeunesse, une flamme qui a parfois tendance à s’affaiblir. Et donc un type dans sa petite banlieue est confronté à ce sentiment, mais en mille fois pire. Il a vu une publicité dans les journaux pour le « redresseur », une machine qui redonne une super pêche, mais en échange de quoi il doit payer de quelques années de sa vie. Le genre de contrat faustien qui ne peut que jouer un mauvais tour. Cette grosse machine me permettra de réinventer le redresseur ionique à vapeur de mercure, que j’adore. Je l’ai vu en vrai dans une expo au Grand Palais sur le design, il y a plus de dix ans : un truc énorme ! Et puis rien que ce nom à rallonge avec mercure, ionique, vapeur, c’est tout un poème !
À côté de Jacobs, Stanislas a dessiné son propre grand-père, Jean Barthélémy...
 
Dans un petit livre d‘interview d’Edgar P. Jacobs que vous aviez illustré, on retrouvait cette machine.

Et pour le savant qui montre cette invention à Jacobs, j’ai dessiné mon grand-père. Il travaillait dans une grosse entreprise qui fabriquait des appareils électriques, des pièces de locomotives, des machins comme ça, mais aussi des redresseurs ioniques.

Mais à quoi sert cet appareil ?

C’était à l’époque où l’électricité n’était pas continue comme aujourd’hui, et il fallait toujours des redresseurs ou des ondulateurs, notamment dans le métro parisien. Il y avait des stations électriques un peu partout dans Paris, des bâtiments magnifiques, tout en briques. Ils sont toujours là.

Encore cette idée de régulation et d’adaptation, comme beaucoup de vos personnages qui cherchent à s’adapter à la réalité…

Comme moi-même !



(Cliquez sur l'image pour lire la critique de La Ronde des canards sur le site de Chro)

http://www.chronicart.com/bandes-dessinees/le-perroquet-des-batignolles-tome-2-la-ronde-des-canards/
 
 
Merci à Stanislas Barthélémy
 
 


vendredi 15 août 2014

Kaboom 6

Kaboom 6

 
 
 
 

Le numéro d'été de Kaboom est sorti courant juillet, histoire de mettre un peu de soleil dans nos lectures.

Entre autres choses palpitantes, on pourra y lire de ma plume une preview de La Philosophie dans la piscine de Ted Benoit,


et un article auquel je tiens à propos de Boule et Bill. Il a pour titre "Le petit garçon, son chien et le Réel".

 
A bientôt pour le 7ème numéro !

jeudi 3 juillet 2014

Note de lecture : LES MIETTES de Frédérick Peeters & Ibn Al Rabin

Note de lecture :

LES MIETTES

de Frédérick Peeters & Ibn Al Rabin


 
 

Sur le site de Chronic'art, cette note de lecture d'une réédition judicieuse de chez Atrabile.

Cliquez sur l'image.

http://www.chronicart.com/bandes-dessinees/les-miettes/

dimanche 22 juin 2014

Note de lecture : CHOC - LES FANTÔMES DE KNIGHTGRAVE (1) d'Eric Maltaite et Stephan Desberg

Note de lecture :

CHOC - LES FANTÔMES DE KNIGHTGRAVE (1) 

d'Eric Maltaite et Stéphane Colman

 

A lire sur le site Chronic'art ma chronique à propos de cet album marquant le grand retour de Choc sur le devant de la scène...

Cliquez sur l'image :

http://www.chronicart.com/bandes-dessinees/choc-les-fantomes-de-knightgrave-premiere-partie/

mercredi 30 avril 2014

Kaboom 5

KABOOM

Numéro 5

 
 
 
 

Le cinquième numéro de Kaboom est sorti ces jours-ci. Son rédacteur en chef, Stéphane Beaujean, n'en est pas peu fier : "On dépote sur ce numéro", affirme-t-il, une larme au coin des yeux.

20 pages d'interview de Moebius, réalisée au milieu des années 90 par Benoît Mouchart sur cassettes, ont été sauvés de la démagnétisation pour l'occasion ; une interview croisée de David Mazzucchelli, Paul Auster et Art Spiegelman où ils reviennent sur l'aventure de l'adaptation de Cité de Verre, chef d'œuvre que l'on sait ; le fils d'Osamu Tezuka se livre sur son père...

Et encore Joe Sacco, Simon Roussin, etc.

Et puis, tiens, une interview du formidable Stanislas, qui m'a reçu à son domicile en début d'année, et dont une partie de l'entretien est disponible dans ce numéro, en plus d'un reproduction des deux planches de Spirou qu'il avait réalisées pour un numéro spécial de l'hebdo consacré à la Bretagne. Les chutes de cette interview seront consultables ici tout bientôt.



Oh et puis une enquête en mode "œil privé" sur Monsieur Choc, version Will et Rosy / Desberg, avant d'y revenir avec Eric Maltaite et Colman. "Du Crime considéré comme un des Beaux-Arts" revient sur la fascination qu'exerce sur les lecteurs le célèbre "chevalier maléfique".

samedi 25 janvier 2014

Kaboom numéro 4

Kaboom

numéro 4


Le quatrième numéro de Kaboom est sorti cette fin de semaine, un an après le premier, juste à temps pour le festival d'Angoulême.

Au sommaire, on y retrouvera une interview de Tardi ; un dossier dans lequel le dessinateur nous raconte Gus Bofa en compagnie de De Crécy, Berbérian, Olislaeger et bien d'autres ; des entretiens avec Blutch et Isabelle Merlet, mais aussi avec Rossi, Pat Mills, Nadja, Gipi, Gengoroh Tagame, Chris Claremont, Ever Meulen... Willem, le président du festival d'Angoulême 2014, est mis à l'honneur à travers une interview croisée menée par Morvandiau, ainsi qu'avec Joff Winterhart par Nine Antico...

On pourra aussi y lire un texte sur Krazy Kat, des previews Donjon, Catherine Meurisse et Gilles Rochier...

Pour ma part, j'y ai écrit un texte sur le Spirou de Tome & Janry : "Spirou est un autre". Il y est question du Réveil du Z, de La Frousse aux Trousses, de La Vallée des Bannis, du Rayon Noir, de Machine qui rêve, de Matrix et de Clément Rosset.

 
 
Encore une fois un grand bravo à Stéphane Beaujean, capitaine d'un vaisseau qu'il parvient toujours à mener à bon port, même sans gouvernail et les mains liés dans le dos.